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   Lorsqu'on réalise un site pour présenter son travail d'artiste, toute l'attention est portée sur l'oeuvre et son auteur, comme un moment d'auto-célébration qui deviendrait ridicule ​si on ne prenait pas un peu de distance! ​

Il serait facile de croire, de laisser croire ou de faire croire, qu'un artiste se fait tout seul. Si la solitude est souvent le lot quotidien dans l'atelier, pourtant devenir artiste, et peut-être encore plus le rester, est le fruit d'une multitude de rencontres et d'encouragements, d'échanges, de découvertes, d'espoir, d'espoirs déçus et de persévérances. 

Je sais ce que je dois et à qui je le dois.

Alors Merci

  Merci Roger Bonnet, mon grand-père né en 1902, peintre amateur mais passionné sa vie durant, qui toujours regarda mes dessins d'enfants, puis d'adolescent en les prenant au sérieux. 

Je lui dois l'odeur de la térébenthine en rentrant dans sa maison, son regard émerveillé sur les fleurs du jardin et les paysages qu'il a traversé. 

   Merci André Després, alias Auguste, rencontré au saut de son canot dans une crique de Belle-Ile, l'été de mes 16 ans.

On lui a confié la restauration de la plupart des oeuvres de Claude Monet des musées Français, de Vieira Da Silva et bien d'autres. Lui ne s'en vantait pas. Pas plus que d'être monté sur un échafaudage pour peindre le plafond de l'Opéra Garnier, sous l'oeil et les conseils de Chagall, trop âgé et resté en bas. 

   Le regard affûté d'Auguste sur mes croquis et mes peintures, ses encouragements quand il a compris ma détermination, sa chaleur et ses bonnes bouteilles me feront à jamais chaud au coeur. 


   Merci à mon père qui m'a ouvert l'esprit sur ailleurs et autrui. 

Enfant, les récits à ses retours de voyages ont fait grandir le monde en moi, ont soufflé sur les braises de l'universalisme qui est en chacun de nous. J'étais bouleversé lorsque tu nous a quitté trop vite, mais sache que j'ai transformé ma peine en énergie créatrice.

Grâce à toi mes racines font le tour de la terre, je suis d'ici et de partout. 

   Aussi lorsque j'échange avec mon ami-frère Salif Dermé, sculpteur au Burkina Faso qui clame que nous sommes tous des êtres humains, avec Tonino Loi, sculpteur, peintre, curieux mais surtout "pas crétin spécialisé", qui explore la culture et l'histoire en Sardaigne, avec Shanker Raj Bhatta, peintre de thangkas qui puise dans les profondeurs de la méditation au Népal, et demain avec tous ceux que je n'ai pas encore rencontré, je reconnais en eux mes frères d'art, mes frères d'âme. 

   

 

   Merci à mes professeurs qui m'ont ouvert les yeux quand je croyais déjà voir et savoir. 

   Merci à mon autre grande professeure, la nature, qui depuis toujours nourrit ma sensibilité.

 "Va prendre tes leçons dans la nature"

disait Léonard de Vinci. Je m’y applique.

   Merci à tous mes collègues avec qui je partage joies et galères, au fil des projets, des expos. Tous les moments en commun, vos créations, vos critiques sur les miennes, les rigolades et les coups de gueule, la fatigue et les bons repas. Vous êtes mon réseau social, mon école préférée. 

 

   Un Merci spécial aux femmes artistes, celles que j'ai rencontré et celles que j'ai admiré dans les expositions, les musées. Plus particulièrement aux femmes sculptrices qui prouvent avec talent que la puissance du biceps ne suffit pas à faire la qualité de l'oeuvre. 

L’approche artistique féminine est différente, éclairante. 

   Merci à tous ceux qui croient en moi et que je tente de ne pas décevoir, lorsque vous exposez mon travail, lorsque vous décidez de vivre avec l'une de mes sculptures, lorsque simplement, vous aimez ce que je tente de construire et participez à rendre possible la suite du chemin. 

Bruno Guihéneuf     2018 

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